Introduction à l'intelligence économique
Le terme d’Intelligence Economique est officiellement apparu en France en 1994 avec le rapport de la commission Martre dans le cadre du XI Plan : Intelligence Economique et stratégie des entreprises, publié par la Documentation Française:
« L’Intelligence économique peut être définie comme l’ensemble des actions coordonnées de recherche de traitement et de distribution, en vue de son exploitation, de l’information utile aux acteurs économiques ».
La notion d’Intelligence Economique englobe plusieurs concepts. On y retrouve principalement la veille (Technologique, Concurrentielle…) chargée de ramener de l’information brute (sans bruits parasites), mais également le concept de lobbying et d’influence, de benchmarking pour comparer la concurrence, de sécurité des systèmes d’information et de knowledge management pour l’aspect diffusion et capitalisation de l’information. On peut même y inclure les techniques de créativité innovantes (notion d’Intelligence Economique Etendue par François Jakobiak), indispensables pour garder un avantage compétitif permanent.
Contrairement à une veille simple,
l’Intelligence Economique s’attache particulièrement à l’information informelle
(ou non publiée) et aux informations critiques susceptibles de modifier la
stratégie de l’entreprise. On y retrouve donc une intention stratégique et
tactique (la démarche d’Intelligence Economique se rapproche en effet fortement
des démarches employées dans le renseignement militaire, l’aspect légal en
plus).
C’est sans doute la raison qui amène beaucoup de chefs d’entreprises Françaises à se méfier du terme « Intelligence Economique » en faisant un amalgame entre la démarche d’IE et l’espionnage industriel.
Pour remédier à cela, il convient de revaloriser l’IE en organisant des séminaires de découverte et de formation à l’IE au sein des entreprises tout en s’efforçant de respecter une certaine déontologie et des règles éthiques dans sa mise en pratique afin d’en favoriser le déploiement.
De même il convient d’établir une charte de bonnes pratiques définissant les limites à ne pas dépasser dans la recherche d’informations, notamment en faisant la distinction entre information ouverte c'est-à-dire l’information blanche ou grise et l’information fermée appelée également information noire (voir norme AFNOR XP X50-053 d’avril 1998 « Prestation de veille et prestation de mise en place d’un système de veille »).
Au final, l’Intelligence Economique vise à améliorer la compétitivité des entreprises en anticipant sur les marchés à venir, en appréhendant les stratégies des concurrents et en améliorant la diffusion de l’information en interne.
Dans l’entreprise, l’IE forme des réseaux où interviennent :
· des observateurs (veilleurs ou spécialistes de l’information documentaire) qui recherchent, collectent et diffusent l’information brute.
· des experts (ou analyseurs) qui traitent analysent, et valident l’information brute (transformation en information à valeur ajoutée).
· des décideurs qui utilisent l’information à valeur ajoutée pour orienter la stratégie de l’entreprise.
A noter qu’en juillet 2003 est
apparu le rapport Carayon « Intelligence économique, compétitivité,
cohésion sociale » visant à redonner un nouveau souffle au déploiement de
l’IE en France grâce à 38 propositions définissant une véritable politique en
la matière.
La proposition 3 de ce rapport est par exemple à l’origine d’un décret intronisant Alain Juillet (ancien de la DGSE) dans les fonctions de Haut responsable pour l’Intelligence économique. Mr Juillet intervient notamment dans les formations liées à l’Intelligence Economique au près des universités et dépend du Secrétariat Général de la Défense Nationale, rattaché au Premier ministre. Il est chargé d’ « assurer la mise en place et de favoriser le bon fonctionnement » de ces 38 propositions visant à rattraper le retard de la France dans le domaine de l’Intelligence Economique.